A chacun ses héros !
On se retrouve à la fin des années 60, à l’époque où les arénas étaient plus rares en province, à l’époque où tous les sports d’hiver se jouaient à l’extérieur, même notre hockey national, à l’époque où chaque jeune rêvait encore de faire partie de la Sainte flanelle.
Mais ici, à Vaudreuil, un groupe de vieux ados, joueurs de hockey pour la plupart, décidèrent l’espace d’un week-end, de troquer patins et hockey contre des bottines à éponge et un balai et de s’inscrire à un tournoi de ballon sur glace. Plus ou moins bien équipés, ils se sont présentés à ladite compétition sans aucunes attentes. Mais pour certains d’entre eux, l’expérience fût inoubliable et très concluante, à un tel point que les patins ‘prirent le bord’ à tout jamais, et on assistait alors au début de l’aventure ballon-balai pour cette troupe de joyeux guerriers.
En tête de liste : un sportif, un organisateur, un rassembleur, un passionné; le capitaine de l’équipe, Jean-Pierre, mon père… Avec l’aide de son frère et de leur fidèle bande d’amis, ils ont réussi à mettre sur pied une solide équipe de ballon-balai qui devint une dynastie dans notre région. Sous la bannière des Kings et ensuite des Chevaliers, ces joueurs ont fait vivre à leurs amis, leurs conjointes, leurs familles et à leurs enfants, des moments fantastiques et magiques saison après saison, tournoi après tournoi. Avec les années on a assisté au départ de certains et à l’arrivée de nouveaux joueurs qui venaient toujours se greffer au noyau des Chevaliers, un noyau fort solide.
Au plus fort des hostilités, ce qu’on pourrait aussi appeler leurs bonnes années, la compétition était féroce, autant sur la glace que dans les journaux locaux…Presque à toutes les semaines on pouvait y lire des articles sur les Chevaliers et sur leurs plus proches rivaux, une vraie guerre de tranché, une vraie guerre de mots, une belle rivalité entretenue par les leaders de chaque formation, même l’honorable journaliste sportif Serge Vleminckx s’est prêté au jeu à cette époque en signant lui-même quelques articles sur ces équipes et leurs exploits.
Et nous là-dedans, les fans inconditionnels des Chevaliers, je parle ici de mon frère, de mon cousin et de moi-même, nous étions probablement les seuls kids de tout le Québec à ne pas se prendre pour les Lafleur, Robinson, Carbonneau ou Gainey mais bien pour les Brunet, Dumberry ou bien les frères Larivée : les tops joueurs de notre équipe. Pour nous, nos pères et les Chevaliers représentaient autant que le Canadiens de Montréal à nos yeux…
Je me souviens aussi des interminables parties de ballon-balai entre nous, dans notre entrée de cours et même des hivers où notre brave père nous organisait notre propre surface en arrière de la maison. La routine était toujours la même, aussitôt arrivé de l’école, on sortait du cabanon nos bâtons et ballons et que la partie commence… Plusieurs facteurs pouvaient mettre fin à nos hostilités, soit l’obscurité, notre maman qui nous demandait d’entrer pour le souper ou bien le ballon complètement gelé qui venait d’éclater sur un tibia de mon jeune frère qu’on avait converti en gardien de but pour l’occasion.
Et que dire de ma mère, la plus grande fan du monde, en sa compagnie, on a passé du temps dans les estrades à les observer et à les encourager, à pleurer les défaites et à hurler les victoires et les buts spectaculaires. Partir les week-ends pour une compétition de ballon était devenu notre religion. Wow, tous ces souvenirs !
Le temps a bien fait les choses, on a grandi, on a vieilli et nos pères aussi, pu aussi facile de jouer au ballon sur glace. C’était le temps d’accrocher leurs bottines, ce qu’ils ont fait, mais tout en recevant quelques années plus tard, l’honneur ultime, soit de voir leurs chandails être retirés à l’aréna de Vaudreuil où ils ont évolué depuis l’ouverture de cette patinoire en 1975.
Mon père, un bon travailleur, un bon père de famille et tout un joueur de ballon-balai voyait son chandail retiré, tout un feeling ! Digne pour nous des grandes cérémonies du vieux Forum… Et maintenant, quelle fierté je ressens quand j’entre à l’aréna avec mon frère et mon cousin chaque jeudi soir et de voir le chandail de mon père au mur de mon temple du sport. J’enfile à mon tour mes bottines et prends mon bâton et essaie de faire honneur au paternel et faire vivre ou survivre notre sport familial…
Mais, nous ne sommes plus seul dans notre quête, en plus du trio Larivée d’autres 2e génération lacent leurs bottines tous les jeudi soir à cette même aréna de Vaudreuil. On se retrouve donc à courir sur cette même glace avec ou contre les mêmes noms de famille qui nous ont suivi lors de notre enfance ! Le ballon orange tourne encore pour les Allard, Lefebvre, Beauchesne, Ménard et Paquin entre autre !
Mon père, n’a pas à s’inquiéter, la relève est assurée ! Tellement assurée, que depuis quelques années, en plus de juste jouer au ballon-balai, on a décidé de faire revivre les CHEVALIERS, et de suivre les traces de nos vedettes… Les Chevaliers nouvelle génération sont nés ! Fierté, honneur et passion nous envahissent mais aussi la nervosité de bien performer sous cette fameuse bannière et d’aller jusqu’au bout comme nos pères.
À toi papa et à tous tes CHEVALIERS…Merci… Merci pour ces beaux souvenirs, merci cette passion et merci de nous avoir passé le flambeau !
Moi, je peux le dire : JE ME SOUVIENS !
Dominic Larivée
Fils du grand no.7 des Chevaliers